entre deux mondes
par Jean-Luc Barde
De petits nuages blancs, à la course vive, promènent leur ombre sur la grande houle des vignes, glissent sur les terres rouges et ocres, prennent le regard du voyageur, écarquillent ses yeux et lui font voir le pays. Ils dessinent en ondulant un cyprès noir, des chênes truffiers, des oliviers d’argent comme à Delphes, d’antiques grenaches, de pures syrahs, une volée de tuiles rondes, une génoise de la blonde bastide, une fontaine bronze, un bassin vert. Ils se baignent un instant tout en bas dans l’eau claire et glacée de la Durance bleue, frontière sauvage du Luberon, escaladent le massif de la Trévaresse, puis le grand félin de la Sainte-Victoire, sautent par-dessus l’horizon et filent joyeux rejoindre, loin vers le sud, le grand troupeau des moutons blancs de la Méditerranée.